Anna Alexis Michel : de Bruxelles à Miami, portrait d’une auteure belge qui a choisi la lumière

Anna Alexis Michel est une femme née à Ixelles, d’une famille forestoise qui vécut une grande partie de sa vie à Molenbeek. Juriste de formation, elle travaille quelques années dans une étude notariale avant de quitter la Belgique d’abord pour la France, puis la Floride où elle vit depuis huit ans. Aujourd’hui, professeur de français à l’Alliance Française, elle s’adonne également à la photo, mais aussi à l’écriture en publiant trois romans. Nous l’avons rencontrée chez elle, dans une résidence de Miami Beach. Elle nous parle d’elle, de son travail, de sa vie en Floride et de cette part de belgitude qui existe encore en elle.

Divercité.be : Anna, parlez-nous un peu de votre vie avant votre arrivée à Miami ?

Anna Alexis Michel : j’étais juriste et comme des milliers de personnes, un jour, j’ai fait un burn-out. Je connaissais déjà Miami, parce que j’y venais en vacances et j’ai décidé de venir m’y réfugier lorsque j’étais déjà dans ma maladie, j’avais besoin de lumière. Ma reconstruction est également passée par la photo. J’en ai beaucoup fait et je continue encore. J’ai commencé à photographier les flaques, car j’ai réalisé, en regardant la tête vers le bas en marchant, que c’est le ciel que l’on voit dans les flaques.

Entre une période nécessaire de reconstruction après un burn-out et le choix de s’installer pour une durée plus longue, qu’est ce qui aide à la décision ?

Les photos que je faisais plaisaient beaucoup à une jeune fille qui tenait une galerie. Elle me fait signer un contrat d’exclusivité de 5 ans. Je passe alors chez un autre galeriste de Miami qui accepte aussi d’exposer mes photos. Je me retrouve à monter des projets culturels les uns après les autres et je finis par m’installer.

Comment vivez-vous ici ?

Aujourd’hui, je donne des cours, mais je monte aussi des spectacles. J’ai écris une pièce de théâtre « le Peignoir aux alouettes » que nous avons montée ici à Miami. Une pièce avec quatre personnages féminins et un homme qui joue un pervers narcissique. Il faut savoir que mon travail d’auteure s’articule autour de la condition des femmes. Mes personnages sont multiples et dans cette pièce, je les représente par les quatre-saisons, Spring, Summer, Fall et Winter. Avec des âges et des passés différents. Pendant toute la pièce, l’homme est face au public et il ne regarde jamais les femmes. La pièce a été en grand succès, nous avons rempli la salle avec plus de 750 spectateurs sur trois jours.

Comment organisez-vous votre travail d’auteure francophone dans un pays anglophone et dans une ville également très hispanophone ?

Ma pièce, « Le Peignoir aux alouettes » a rencontré un grand succès. Nous avons ici une grande communauté francophone. On devait aussi la monter à New York, ce qu’on fera sûrement dans les prochains mois. J’ai aussi écrit une version roman car comme tout le monde ne peut pas voir la pièce, le livre peut être emporté partout. Mes publications se font sur la plateforme Amazon. Je pourrais publier en Belgique dans des maisons d’édition traditionnelles, mais j’hésite. Si j’accepte, mon texte restera la propriété d’un petit éditeur et en Belgique, le rayonnement reste restreint.

Parlez-nous de votre roman « Irma et les autres » ?

Disons que plutôt que de donner des leçons sur ce que je pense du monde, je le mets dans la bouche de mes personnages. Cela permet une grande liberté de ton. Un cynisme que je ne me permets pas dans la vie. Ici, c’est de nouveau quatre femmes. Irma n’est pas une femme, mais l’ouragan. Elles sont coincées chacune dans leur appartement d’un immeuble censé avoir été évacué. Quatre femmes différentes à qui je n’ai donné aucune caractéristique ethnique. Des personnages différents dans lesquelles chaque femme peut se retrouver et j’en fais une vraie critique sociale.

Vous revoyez-vous un jour de retour en Belgique et quitter ce paradis ?

Non, je ne crois pas. Je suis définitivement une fille du « bord de mer ». Si je devais quitter Miami, j’irais dans un endroit où il y a la mer et certainement dans la lumière, car je déprime quand je n’ai plus de lumière. Pour le paradis, oui, Miami est un paradis, mais aussi un paradis peuplé de fous. D’ailleurs, je les aime beaucoup, car je les trouve intéressants, mais oui à Miami, il a beaucoup de fous parce que tous les extrêmes sont possibles. À quelques rues de « mon paradis », je sais qu’il y a beaucoup de gens instables.

Quels sont vos projets ?

Un projet théâtral « Quatre quart ». Une pièce qui sera montée dans un théâtre en plein air en 2023. Un autre livre aussi « Le petit tout nu » ici l’histoire s’articule autour d’un homme. Je participe aussi à un projet collaboratif à la demande d’un journaliste libanaise et les profits iront à une association libanaise. Et je fais aussi un master dans une université des Antilles. Beaucoup de projets donc !

 

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