Béchir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique, est décédé ce lundi 3 mai à l’âge de 93 ans.
Homme politique, journaliste, éditeur, c’est en 1928, en Tunisie, que né Béchir Ben Yahmed. Fondateur et patron de la revue Jeune Afrique, homme de conviction et de tous les combats, c’est finalement devant la Covid-19 qu’il baissera les armes.
Béchir Ben Yahmed, commence par militer au Néo-Destour ( parti politique tunisien actif surtout entre 1934 à 1964 ) aux côtés de Habib Bourguiba, avant de devenir ministre du premier gouvernement de la Tunisie indépendante. La politique, un temps, car c’est le journalisme qui devient sa vrai passion. En 1956, il lançait un hebdomadaire : L’Action puis, nait en 1960 Afrique Action qui deviendra Jeune Afrique.
Pour garantir l’indépendance éditoriale de ses colonnes, le magazine a plusieurs fois changé de siège quittant en 1962 la Tunisie pour Rome puis pour Paris où le groupe est toujours installé.
Jeune Afrique, dans le paysage médiatique francophone ce fut d’abord l’envie d’ accompagner le mouvement de l’indépendance des peuples africains au début des années 1960. Le magazine n’a cessé depuis d’accompagner tous les sursauts populaires qui ont égrené l’histoire du continent africain et le Moyen-Orient. On participé à la rédaction des grands noms de la littérature : Frantz Fanon, Kateb Yacine, Amin Maalouf et bien d’autres. Béchir Ben Yahmed a connu des grandes personnalités de son temps et qui ont compté dans la construction de l’Afrique : Léopold Sédar Senghor, Houphouët-Boigny, Hassan II ou encore François Mitterrand. Il a également partagé des entretiens avec des héros des combats populaires comme Che Guevara, Nacer, Lumumba, Ben Bella… La renommée et l’influence de Jeune Afrique étaient si importantes que certains surnommés le média le « 55e État d’Afrique ».
Avec la mort de Béchir Ben Yahmed, l’humanité perd l’un des derniers témoins de l’Afrique des indépendances et de l’immédiate période postcoloniale.