Deux transgenres camerounais condamnés à cinq ans de prison ferme pour « tentative d’homosexualité ».

A l’occasion de ce 17 mai 2021, journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, nos yeux sont rivés sur les situations de discrimination vécues dans des espaces proches. Ce qui se joue à l’international mérite néanmoins aussi toute notre attention. Ainsi Njeukam Loïc surnommé Shakiro et Mouthe Roland, «  Patricia »,  transgenres très populaires à Douala, grande ville économique dans la région littorale du pays, ont-ils été condamnés à cinq ans de prison ferme et 200 000 francs CFA (300 €) d’amende le 15 mai dernier.

C’est le 5 février 2021, dans un restaurant de la capitale économique du Cameroun et alors qu’ils étaient habillés de vêtements de femmes que les deux hommes ont été reconnus et dénoncés. Pendant le procès, leurs avocats ont plaidé une arrestation arbitraire de citoyens se rendant simplement dans un restaurant. Dans le code pénal camerounais, ce n’est pas l’homosexualité qui est condamnée, mais la relation sexuelle entre deux personnes de même sexe.

Déjà le 4 novembre 2020 est lancé un avis de recherche contre Shakiro sur tout le territoire camerounais, l’avis mettant en garde les citoyens  « qu’en cas de découverte de l’intéressé, celui-ci devait être immédiatement conduit, sous escorte, au poste de police le plus proche. »

« Si tu veux vivre ta vie selon le regard des autres tu ne vivras jamais ta propre vie, Militante LGBTQI », c’est la phrase que peuvent lire tous les contacts de Shakiro via son numéro WhatsApp.  Avec ses 106 445 abonnées Facebook,  Njeukam Loïc  « Shakiro » ne laisse aucun de ses concitoyens indifférents car c’est sur la toile qu’ils ont appris son orientation sexuelle. Victime d’agressions à plusieurs reprises dans les rues de Douala, cette figure de la communauté LGBTQI au Cameroun a été obligée de revenir sur ses déclarations émises avec son coming-out et, fin 2020, publie un message sur son compte affirmant être « un homme malgré son visage féminin. »

Il est noté que rarement la justice camerounaise aura été aussi rapide pour prononcer un jugement. Après  trois mois de détention provisoire à la section masculine de la prison centrale de New-Bell, Njeukam Loïc « Shakiro » et Mouthe Roland  « Patricia » ont donc étaient lourdement condamnés pour « une pratique homosexuelle jugée illégale conformément à l’article 347-1 du code pénal camerounais, promulgué par la loi n° 2016-007 du 12 juillet 2016. »

Selon plusieurs médias africains,  une vingtaine de personnes définies comme homosexuelles seraient aujourd’hui dans les prisons du pays et notamment à la prison centrale de Nkondengui à Yaoundé. L’hebdomadaire rappelle également que le 10 janvier 2014, Roger Mbédé, étudiant en philosophie emprisonné et rejeté par sa famille, s’est éteint après un long calvaire à l’âge de 34 ans.  Il ne cachait pas son orientation sexuelle et avait été retrouvé mort dans une chambre de la maison familiale.

Human Rights Watch alerte sur la situation des personnes LGBT au Cameroun. L’ONG affirme qu’en prison, les homosexuels subissent des viols et des passages à tabac par les autres détenus. Les gardiens n’interviendraient pas et fermeraient les yeux sur les actes de torture subis. Des citoyens et des associations appellent les autorités camerounaises à abroger leurs lois anti-LGBT.

 

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