Libération de Kevin Strickland, un afro-américain qui a passé 42 ans de prison pour des crimes qu’il n’a pas commis.

En novembre dernier, Innocente Project, a obtenu la libération de Kevin Strickland. Cet homme aura été l’innocent le plus longtemps détenu dans une prison dans l’état du Missouri, soit 42 ans. Condamné à la perpétuité pour un crime qu’il n’a pas commis,  K. Strickland n’est malheureusement pas le seul.

Charles Chatman 28 ans de prison, Malcom Alexandre 38 ans de détention, Georges Allen 30 ans, Randolph Arledge 29 ans, Ralph Amstrong 28 ans… des noms et des peines qui égrènent une liste de 375 personnes innocentées aux Etats-Unis grâce aux tests ADN.  Des erreurs judiciaires aux conséquences très lourdes puisque 21 des condamnés à mort ont purgé leur peine dans le couloir de la mort.

Aux États-Unis, selon le registre national des erreurs judiciaires, 2 737 condamnés ont été innocentés depuis 1989, date de la première exonération appliquée grâce aux prélèvements de l’ADN.

Fondé par deux avocats, Barry Scheck et Peter J. Neufeld en 1992, Innocence Project est une association qui est le fruit d’une réflexion et d’un constat : les témoins oculaires d’un crime se trompent dans plus de 70 % des condamnations.

Cet organisme qu’ils ont initié a pour mission de tenter de faire libérer des personnes condamnées par erreur aux États-Unis. La prise en charge d’un dossier conduit à un travail de fond comme des recherches de témoins en plus des tests ADN qui font pencher la balance lorsqu’il s’agit de rouvrir un dossier. L’incroyable opportunité qu’offre la cartographie génétique permet, des décennies après les inculpations, d’aller à l’encontre des théories construites uniquement sur base des témoignages.

Quoi de pire que d’aller en prison pour un crime que vous n’avez pas commis ?

Les chiffres sont sans surprise. Aujourd’hui, Innocente Project révèle que  60 % des personnes innocentées sont Afro-américaines contre 31 % de Blancs. 8 % sont d’origine hispanique, 1 % sont Asiatiques et 1 % d’origines diverses comme les Amérindiens par exemple. Si les témoignages confus ou trop partisans sont, dans la grande majorité, à la base des condamnations, c’est aussi souvent le fait de personnes qui « fabriquent » leur témoignage. Dans certains cas et pour encore aggraver les choses, les témoins qui apportent leurs récit reçoivent eux-mêmes la clémence s’ils sont impliqués de manière indirecte. Les témoignages d’informateurs participent à ces erreurs judiciaires et envoient des innocents en prison et dans le couloir de la mort.

Sur leur site internet, Innocente Project révèle que 102 exonérations grâce à l’ADN impliquent de faux aveux ( a moyenne d’âge des inculpés tourne autour des 24 ans).  Le vrai coupable étant identifié dans 75 % des cas. Ces 38 vrais criminels ont ensuite commis 48 crimes supplémentaires pour lesquels ils ont été condamnés, dont 25 meurtres, 14 viols et 9 autres crimes violents. Ces chiffres, qui font froid dans le dos, démontrent toute l’étendue de l’horreur à laquelle la société aurait pu échapper si les enquêtes avaient été mieux menées.

Si Innocente Project couronne de succès les cas qui peuvent être réexaminés, il arrive malheureusement que des dossiers doivent être refermés en raison de preuves perdues ou détruites. Si des individus inculpés mais innocents plaident coupables, ils le fond sous la menace de la peine de mort commuée en détention à perpétuité. L’utilisation révolutionnaire de la technologie de l’ADN pour libérer des innocents prouve que les condamnations injustifiées ne sont pas rares, mais le fruit d’un système judiciaire beaucoup trop faillible.


 

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