La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a probablement vécu l’un des moments les plus humiliants de sa carrière politique, à Ankara, le 6 avril dernier, lors d’une réunion avec Erdogan, accompagnée par Charles Michel le président du Conseil.
Ursula von der Leyen c’est d’abord une femme brillante. Jeune fille, elle étudie les sciences économiques aux universités de Göttingen puis obtient un diplôme de médecine en 1991 avant de se consacrer à la recherche pendant quelques années. Descendante d’une famille de la bourgeoisie et de l’aristocratie allemandes, ses origines remontent au XVIIe siècle. Ses ancêtres étaient médecins, fonctionnaires, juristes, universitaires… Elle passe ses premières années en Belgique où elle apprendra le français. Son père, Ernst Albrecht, fut l’un des tout premiers fonctionnaires européens qui œuvrèrent dès 1958 à la création de la Commission européenne.
Le 6 avril dernier, c’est un affront mémorable que la présidente de la Commission dû gérer. Lors d’une réunion entre les présidents des institutions de l’Union européenne et Recep Tayyip Erdogan elle n’eut d’autre choix que de prendre place sur un divan, tandis que Charles Michel et le président turc s’installaient sur deux fauteuils côte à côte.
Avec la classe et la grâce dûs à son rang et à ses illustres filiations, Ursula Von der Leyen se plia aux désidératas du très conservateur Erdogan après avoir ravalé sa surprise.
Le « sofagate » comme le nomme la presse écrite a déclenché une controverse à Bruxelles mais aussi dans toute l’Europe. Pour Vincent Hervouët chef du service ‘Étranger’ de la chaine française d’informations en continu LCI : « Cette scène n’est pas un accident. Elle a été préméditée. Le protocole sert à mettre le respect en scène, ou bien le mépris. Recep Tayyip Erdogan sait très bien qu’il y a deux têtes à l’exécutif européen et qu’il faut prévoir deux chaises. Il a remis la femme à sa place selon lui, de côté et un peu en dessous. La vidéo enchante les islamistes et les nationalistes : son électorat. »
Paradoxe, la présidente de la Commission européenne (et le président du Conseil Charles Michel dont la crédibilité est sérieusement remise en question) étaient à Ankara notamment pour évoquer l’état des droits humains, ainsi que le choix de la Turquie de quitter la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Voir DiverCite.be du 23/03/2021). L’incident dans les salons de la présidence turque est révélateur du gouffre qui existe entre la Turquie et l’Europe. Gouffre abyssal où les valeurs les plus élémentaires sont noyées.