« Jacques Brel, couleurs Maroc » Hervé Meillon nous livre dans son ouvrage une facette inconnue de l’icone de la chanson.

 

 

Hervé Meillon est un homme de média franco-belge. Editeur et auteur de nombreux livres, il continue de collaborer à de nombreux médias. Pendant quatorze ans, il a partagé son temps entre la Belgique et le Maroc. Dans « Jacques Brel, couleurs Maroc » publié par M La Suite Editions, il raconte l’amour de Brel pour le Maroc. « Un récit truffé de souvenirs originaux avec la complicité de nombreuses personnalités de la culture marocaine et d’anonymes. De rebondissements en anecdotes insolites, vous lirez les témoignages comme un roman. »  Nous dit le communiqué de presse. Hervé Meillon, pendant ses voyages pour la rédaction du livre, relève que Brel a marqué plusieurs générations de Marocains qui « continuent à respecter autant le poète que l’homme. »

 

Propos recueillis par Malika MADI

M.M. : On ne connaissait pas Jacques Brel amoureux du Maroc, la presse ne l’a jamais relaté ?

H.V : C’est vrai, cela n’a pas été du tout médiatisé et je pense que le livre pourra séduire les amateurs de Brel qui connaissent déjà beaucoup d’histoires et beaucoup de ses péripéties mais pas son attachement pour le Maroc. Il a eu un grand amour pour ce pays mais ce fut, il faut le savoir, un amour réciproque et cela l’est encore aujourd’hui, à ma grande surprise.

Comment avez-vous découvert cette relation entre Brel et le Maroc?

Au départ, c’est un article que l’on nous a demandé parce qu’avec mon épouse Sophie, on allait beaucoup au Maroc. Je travaillais pour une revue et un journaliste m’a dit « tu es belge, tu ne pourrais pas me faire un truc sur Brel ? ». Là, on s’est rendu compte que Brel avait passé beaucoup de temps au Maroc. On a creusé un peu puis la rencontre d’une personne nous a amené à en rencontrer une autre et les choses se sont faites comme cela.

Ce livre c’est aussi un carnet de bord, un making of d’un documentaire à venir. Où en êtes-vous dans ce projet?

C’est vrai qu’en tant que homme de télévision et de radio j’ai toujours un micro avec moi. Mes interviews à Casablanca devait servir le livre mais par la suite j’ai demandé à une télévision de m’accompagner et c’est parti comme cela. On n’avait pas l’idée de faire un documentaire au départ. De l’idée d’un article, c’est devenu un devoir d’archives.  Tous les témoins rencontrés étaient déjà d’un certain âge puisqu’ils avaient connu Jacques Brel, donc on s’est dit : « C’est marrant, on aura tout cela » mais au départ on a vraiment pas pensé à faire un documentaire.  Ce n’est qu’après, quand on a eu toutes ces images qu’on a réalisé que nous avions là matière à faire un film documentaire. Evidemment, il faut trouver les fonds et cela c’est une autre paire de manches.

 

Hervé Meillon et son épouse Sophie
Hervé Meillon et son épouse Sophie

Brel s’est aussi produit en Algérie, comment a-t-il découvert ce pays ?

En effet, c’était en 1963. Il s’y rend pour offrir un concert aux algériens et aux coopérants étrangers. Nous sommes juste après l’indépendance. La représentation se passe à Zeralda (banlieue balnéaire d’Alger). La captation du spectacle a été retrouvée très récemment par la télévision algérienne : Canal Algérie.  C’est lorsque la chaine a voulu numériser ses archives qu’elle est tombée dessus. Ceci dit, je pense aussi, comme je l’écris dans le livre : « Reste à savoir si la force du souvenir ne les a pas grossis et à retrouver les véritables intentions faites au coin d’un bonheur. Chacun a une version ou un souvenir lié à l’honneur de connaitre le poète. Le temps passe en restant présent. Tout n’est peut-être pas exact mais tout est vrai ».

Roger-Viollet / Roger-Viollet via AFP

« Brel était un homme qui parlait beaucoup. »

Les souvenirs des uns et des autres sont-ils toujours exacts… Il y avait parfois des contradictions dans les témoignages car Brel était un homme qui parlait beaucoup. Selon moi, il découvre le Maghreb lorsqu’il arrive en France et qu’il est engagé dans le Cabaret de Jacques Canetti : « Les trois baudets » (Jacques Canetti était directeur artistique et producteur. Il fonde en 1947 le théâtre des Trois Baudets, qu’il dirige jusqu’en 1966 à Montmartre). Là, c’est aussi l’époque où s’y retrouvent des artistes comme Raymond Devos, Serge Gainsbourg etc., Canetti organisait des tournées au Maghreb. Selon moi c’est comme ça qu’il arrive en Afrique du Nord.

Mais il existe aussi une deuxième version ?

Oui, c’est vrai. Brel était un homme infidèle, c’est connu de tous, et à l’époque il trompait sa femme avec la chanteuse Catherine Sauvage. Pris de remords, lui à l’éducation judéo-chrétienne,  il aurait supplié sa femme, Micheline, de le reprendre. Elle aurait conditionné le pardon par voyage au Maroc.

Que vouliez-vous démontrer en développant ce lien intime entre Brel et le Maroc ? Serait-ce déjà son envie d’ailleurs, qu’il concrétisera plus tard en partant pour les Iles Marquises?

Non, je ne pense pas qu’il y a un lien avec ses futurs envies de voyages. Pour certains, il aurait voulu s’y installer et pour d’autres ce n’est pas le cas. La Fondation Brel dira certainement le contraire parce qu’elle n’est pas du tout au courant des aventures de Brel au Maroc ou très peu. Rien n’est prouvé et lui n’est plus là pour nous le dire.

 Ce livre est un hommage à Brel autant qu’aux marocains ?

C’est vrai, nous voulions rendre hommage aux marocains. Notre rencontre avec  ce monstre sacré fut aussi un prétexte pour aller à la rencontre de ce pays et de ses habitants qu’ils soient riches ou pauvres. Je suis d’origine française et je retrouvais au Maroc toute l’ambiance de mon enfance dans le Dauphiné. J’ai retrouvé beaucoup de choses que j’ai connu petit. Ensuite, Sophie voulait absolument connaître le Maroc. Pour répondre à La question : on voulait aussi rendre hommage aux gens qui nous ont reçu, rendre hommage à ces deux cultures qui se rencontrent.

Plus d’informations ici

Propos recueillis par Malika MADI

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